La fête des merdes (encore une)
Scrogn | 8 juin 2014Bientôt, nous célébrerons les papas des deux côtés de la flaque d’eau. Mais je voudrais revenir sur la fameuse fête des mères.
Celle que je redoute, tant la surprise est prévisible.
En effet, comment m’extasier, année après année devant un bouquet de pissenlits, certes cueillis avec amour mais qui me demanderont des heures de prélavage sur les vêtements des enfants. Car, vous savez comme moi, que ces cochonneries, non contentes de polluer ma pelouse, insèrent sournoisement dans les fibres les plus serrées d’un malheureux pantalon ou d’une misérable chemise, une couleur tenace d’urine concentrée.
Comment m’extasier, année après année, devant un bouquet de pissenlits, ennemis que j’arrache inutilement et qui viennent me prouver, par la main des affreux que je suis inefficace. Pourtant, ma faculté surhumaine de faire mourir (uniquement par la pensée, vraisemblablement) la moindre plante dépasse l’entendement. À condition, bien sûr, que le végétal en question me tienne à cœur. Les mauvaises herbes, quant à elles, semblent se nourrir de mon mépris pour croître avec insolence sous mon nez.
Mais ce coup-ci, j’ai eu de la chance.
Les affreux m’ont bandé les yeux avant de me dévoiler mon cadeau de fête des mères . En recouvrant le sens de la vue, j’ai pu admirer le beau bouquet des affreux : une magnifique vue sur notre jardin.
Lequel était tapissé de pissenlits, pas cueillis, pas encore arrachés, vierge des menottes voraces et colonisatrices des affreux.
Je me suis demandée comment je devais prendre la chose.
Après une nano seconde d’hésitation, je les ai serrés éperdument dans mes bras : j’avais congé de lessive cette année.