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Pauvre Jude

Scrogn | 29 juillet 2014

Ce fut un petit éclat obscène qui heurta l’œil cartésien de Jude. Alors que tout devait être ainsi et comme ça, ce pauvre homme se trouva soudainement confronté à ce mystère abyssal.

Une clé. Une simple petite clé qui brillait au milieu d’un tas d’immondices. Qui luisait comme une prostituée dans une vitrine du quartier rouge à Amsterdam, perdue dans une ruelle sombre et sale. Elle ne devait pas se trouver ni ici, ni aussi brillante, ni aussi si seule. Où se trouvait le reste du trousseau, où était la serrure ?

Aux yeux de Jude, cet infime bout de métal ressemblait à un bébé abandonné sur les marches de quelque église. Il devinait la mère en larmes qui fuyait les lieux en priant qu’une âme charitable prendrait soin de cette minuscule chose. Aussi la recueillit-il précieusement, insignifiante pour beaucoup mais qui, à ses yeux, se hissait au niveau d’une mission sacrée. Il devait lui faire retrouver son foyer.

Depuis ce jour, il profita de sa profession de colporteur, de vendeur malheureux et rejeté d’assurance-vie, pour tester chaque serrure, chaque petit interstice d’espoir de son territoire.

À défaut d’ouvrir le portail vers le pays du bonheur, il cherchait un havre de paix pour cette petite clé qui n’avait rien fait et il espérait profiter d’une rédemption par ricochet. Mais peut-être en avait-elle trop vu pour être parfaitement immaculée.

C’est ainsi que Jude écuma les portes de ses clients potentiels avec la même foi éperdue d’un catéchumène. Avant même de meurtrir l’huis ou de violer la sonnette de porte, il sortait la petite clé pour la mettre à l’épreuve de la serrure. Et puisque le miracle n’avait pas lieu, il débitait son discours avec un détachement robotique, pour se voir trop souvent rejeter. C’est que les gens n’aimaient pas beaucoup qu’on parie sur leur chance de survie pour ne même pas toucher le pactole après leur mort. Bien évidemment, Jude insistait sur la nécessité de veiller au bien-être des bénéficiaires après le décès du proche. Mais il avait tant vu de regards mal-aimés, avides, désespérés, calculateurs ou perdus, qu’il n’avait pas le cœur de profiter plus longtemps leur misère. Jules s’en allait alors sans se retourner, comme Lot, de peur de se voir de se transformer en statue du sel de leurs larmes.

Sa femme ne fit que le mépriser d’avoir toute cette délicatesse ultime qu’elle lui devinait. Le maigre salaire de son mari ressemblait à un mirage qu’elle se dépêchait de faire disparaître avec une rage vengeresse, et le trompait avec une frénésie et une haine encore inégalées. Se doutait-elle que cette petite clé était la dernière tentative de rachat de Jude ?

Enfant, il avait été idolâtré par ses parents. Lui, l’héritier, avait été un enfant proche de la perfection à leurs yeux. Bien loin de l’image qu’ils avaient de sa jeune sœur, petite boule de graisse inintéressante. Aussi, il commença à la violer alors qu’elle avait neuf ans et lui treize, en lui chuchotant dans le creux de l’oreille qu’elle ne devait rien en dire aux parents. De toute manière, ils ne la croiront jamais. Elle a toujours su que c’était vrai. Il avait raison. Ainsi fût-il.

Même des années après, alors que son mariage s’embourbait dans les eaux glauques d’une séparation, Jude ne pouvait se résoudre à demander pardon à sa sœur. Il préférait l’ignorer malgré ses lettres en forme de bouée de sauvetage et continuer à vivre sous couvert d’une aura merveilleuse du fils parfait.

Mais il avait trouvé cette clé. Cette petite chose qui le terrorisait et le faisait espérer à la fois. Qu’allait-il trouver derrière la porte ? L’enfer ou sa sœur en larmes avec les mains pleines de miséricorde ?

C’est en écumant un immeuble miteux qu’il eut sa chance.

L’édifice décrépit semblait soupirer sa déchéance par les fenêtres médusées. Bravement, Jude entreprend l’ascension de l’échelle de Jacob. Il réussit à vendre une assurance-vie au deuxième étage, se vit envoyer promener pour le reste et fut confronté à la dernière porte.

Machinalement, il inséra la clé. Elle daigna accueillir la serrure. Les deux accomplirent un ballet harmonieux.

C’était la bonne porte.

Jude tourna le dos et s’enfuit dans la nuit crasseuse.

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Le douanier et la renarde

Scrogn | 23 mars 2014

Aussitôt que la nouvelle fût annoncée au principal concerné, elle fit tache d’huile dans la région où il devait œuvrer. En effet, la nomination d’un parisien à la tête des douaniers du canton de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine (Bretagne) en avait fait ricaner amèrement plus d’un.

Un triste sire de la capitale qui ne sait rien de notre bout de pays, disait l’un. Un de plus qui se croit supérieur à nous, soutenait l’autre. Un fonctionnaire qui ne connait pas notre vie misérable, affirmaient certains. Un problème supplémentaire, dirent de concert les habitants de la région.

Car il faut savoir qu’en ce dix-neuvième siècle, la vie ne faisait que peu de cadeaux à ces bretons. Et tous les moyens étaient bon pour alléger leur quotidien. Tous les moyens, y compris ceux illégaux. D’autant que la zone offrait une occasion en or. En effet, l’État lui avait octroyé un privilège exclusif pour la culture du tabac. Une chance chichement partagée avec très peu de provinces françaises.

Ainsi il n’était pas rare que les plants de nicotine puissent être visités par des « coureurs de lune », ces voleurs nocturnes prélevant des feuilles pour les faire voyager et vendre via l’estuaire. Des contrebandiers, en résumé.

Donc, quand Monsieur Durand reprit la direction des douanes, le canton frémit de rire et d’angoisse.

Il s’adjugea alors quatre acolytes, tous enfants du pays. Il les rabroua, humilia, s’accrochant au fait qu’il ne s’agissait que d’individus aux capacités limitées, comme la religion de la République lui avait appris. Durand, un homme austère, pétri de principes révolutionnaires, entreprit de faire régner les commandements de ses supérieurs dans une lande résolument accrochée à son patrimoine et son histoire.

La Loi Républicaine sous le bras comme un bréviaire, le douanier entreprit d’évangéliser la contrée avec un prosélytisme sinon efficace, du moins quasiment touchant. Mais la population, méfiante, lui opposait une résistance des plus coriaces. Les petits trafiques continuèrent d’aller bon train sous le nez et la barbe (qu’il avait superbe, du reste) de ce pauvre Durand, avec la bénédiction exaspérée des auxiliaires. Ainsi, les visites inopinées du fonctionnaire chez les citoyens ne l’étaient pas tant que cela. Les quatre esclaves de l’État profitaient de leur temps libre pour prévenir leurs compatriotes des futures investigations.

Toutefois, cette tactique eut une énorme faille. Ainsi, Jeanne fut surprise d’entendre des pas pesants devant sa porte. Durand et ses acolytes, ces derniers confits de honte, venaient perquisitionner. Or, elle était précisément en train de remettre son butin à un comparse afin qu’il puisse faire passer la marchandise au-delà  des griffes de l’État. Arthur, le complice paniqua. Mais c’était sans compter le sang breton qui mijotait dans les veines de cette jeune femme.

Sitôt qu’elle perçût les bruits suspects (d’autant que les fonctionnaires du pays prenaient un soin machiavélique de marteler le sol de leurs lourdes bottes), Jeanne attrapa son coureur de lune pour le cacher dans le lit clos, lui intima l’ordre de cacher son butin sous la paillasse et ferma derrière elle, les deux panneaux de bois.

Deux énormes coups de semonce républicaine ébranlèrent l’huis breton.

» Au nom de la loi, ouvrez! »

» J’arrive, j’arrive ! »

Elle se précipita pour ouvrir la porte, le visage en feu et les jupons mis en désordre par l’urgence de la situation.

« Madame, mes respects. Nous venons perquisitionner cette demeure par les pouvoirs qui me sont conférés par la République. »

Durand, raide dans son uniforme, eut une légère hésitation en découvrant une jeune femme accorte et, doit-on l’avouer, absolument ravissante. Ébaubi devant tant de beauté, notre chevalier de l’ordre bredouilla pour la première fois de sa vie.

» Ma-madame, ordre nous-nous est donné de fou-fouiller cette demeure-re. »

Jeanne saisit l’émoi du douanier. Elle s’effaça en faisant germer un plan d’urgence dans sa jolie tête.

» Je vous en prie, messieurs. Veuillez entrer. Et regarder partout. «

Les douaniers pénétrèrent dans la demeure derrière leur chef, en faisant des gros yeux. L’un d’eux lui dit même en breton :

» Mais que fais-tu, malheureuse ? «

Furieux, Durand apostropha son subordonné :

» Que viens-tu de lui dire, pauvre abruti ? «

» Il m’a fortement enjointe de vous respecter, moi, une pauvre femme sans importance. Monsieur l’officier… »

La délicate âme de Durand, ses élans de preux chevalier et l’allure penaude mais si adorable de Jeanne lui confirent un cœur qu’il pensait pourtant desséché depuis longtemps.

À ce moment précis, l’émotion subjugua Arthur, blotti contre un battant du lit. À tel point qu’il éternua. Ce bruit formidable engendra un silence stupéfait. Tous arrêtèrent de respirer. Le chef des douaniers fut le premier à reprendre ses esprits et se dirigea tout de go vers le lit-clos. En ouvrant un des panneaux, il découvrit le jeune contrebandier, terrorisé.

» Bien, bien. Que vois-je ? «

La question de Durand grignota l’âme de l’assemblée jusqu’à ce que Jeanne pousse un soupir et s’affaisse avec la grâce d’un pétale. Tous ces messieurs, comme un seul homme, se précipitèrent vers la dame défaillante.

Stupeur refroidie, Arthur tenta de s’échapper subrepticement mais la main de fer de Durand lui cloua ses velléités de fuite comme des papillons sur une planche.

» On ne bouge pas d’ici ! Il me faut des explications. Et j’espère pour vous tous qu’elles seront concluantes. «

La petite bande se figea. La jeune femme fût la première à se mouvoir. Comme une chatte, elle ouvrit un œil, se lissa discrètement une mèche puis fondit en larmes en se tordant les mains.

» Monsieur l’officier, Monsieur l’officier ! Quelle honte pour moi ! Ne révélez rien à mon mari. Il est alcoolique et violent. Tout le monde vous le confirmera. Il me tuera s’il apprend que vous avez découvert ce pauvre Arthur sous notre toit ! Il est innocent et la faute n’incombe qu’à ma misérable personne. Je suis la seule responsable. Emmenez-le comme un bandit et moi comme sa complice. Son sort comme le mien n’en sera que meilleur, en dehors des griffes monstrueuses de cet époux imposé. Je vous en supplie, arrêtez-nous en tant que contrebandiers ! »

Le tableau, en cet instant précis, était digne d’un Goya. D’un côté, un Arthur trop ahuri pour protester tout de suite et les douaniers éberlués, de l’autre, Durand et Jeanne se dévisageant éperdument.

« Mais, je… Je n’ai jamais… »

L’un des douanier eu la présence d’esprit de broyer l’avant-bras du jeune homme en lui intimant un « la ferme » en breton.

Tous les regards se focalisèrent sur les lèvres minces et amères de Durand.

« Messieurs, vous connaissez ce personnage ? Cette pauvre créature a-t-elle réellement un tel bourreau comme mari ? «

« Nous le connaissons. C’est une brute avinée qui vogue dix mois par année, et durant le reste du temps, il frappe quiconque au café comme chez lui. «

Le majestueux barbu se lissa le poil en réfléchissant.

» Pour la sécurité de cette jeune femme, nous tairons cette malheureuse aventure. Toutefois, Madame, je vous enjoins fortement à respecter les devoirs maritaux qui vous sont imposés par le Code Civil. »

» Monsieur l’officier, les seules lois que j’accepte de suivre sont celles de mon coeur. Votre République n’a su me protéger ni d’une union forcée ni d’une existence misérable, répliqua Jeanne, les yeux flamboyants. Le soutien et la protection dont j’ai eu besoin, je les ai trouvés entre les bras d’Arthur. Lui seul a su se comporter comme un véritable homme ! Un véritable homme ! Vous n’avez aucun droit de m’interdire de survivre et d’aimer ! «

Durand et ses convictions vacillèrent dangereusement. Sans un mot, il fit signe à ses hommes de le suivre. En fermant la porte derrière lui, le chef des douaniers, sous la lumière de la pleine lune, affichait une figure décomposée.

» Délicieuse enfant, soupira-t-il. Que ne puis-je lui être utile et agréable ! «

Par la suite, le trafic orchestré par Jeanne et Arthur ne fut plus inquiété par des contrôles.

Puis, le mari mourût en mer.

Dix mois après, Jeanne accoucha d’un vigoureux petit garçon qui ressemblait étrangement à Durand. La barbe en moins.

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Un poids sur le coeur

Scrogn | 13 janvier 2013

Les dernières choses qu’elle entendit juste avant furent un soupir plaintif et un vacarme épouvantable. Laissant tout tomber, Sophie se précipita dans la cuisine d’où provenaient ces bruits inquiétants. Elle trouva sa maman, le visage congestionné, échouée comme une énorme baleine, au beau milieu de la cuisine. Telle une adorable Méduse boursouflée, sa douce mère semblait pétrifiée, la tête couronnée de casseroles et emmêlée par de longues mèches de cheveux qui avaient jugé bon de s’échapper de son chignon.

Sophie se saisit du téléphone et appela les secours. Au bout du fil, un homme lui répondit :

» Services des urgences, que puis-je pour vous ? »

Elle voulut rester calme. Elle tenta vraiment. Mais la terreur l’étrangla. Elle resta sans voix.

» Allô ? Services des urgences, que puis-je pour vous ? »

Elle éclata alors en sanglots convulsifs.

» Ma mère…. Ma maman…. Ma ma… Elle est par terre … Elle est.. Elle… ne respire pas. ELLE NE RESPIRE PLUS ! Je… Il faut… AU SECOURS ! »

» Nous arrivons. Restez en ligne, s’il-vous-plaît. »

Mais elle eut peur que sa maman puisse prendre froid. Sophie lâcha le téléphone, grimpa quatre à quatre l’escalier qui menait aux chambres pour dénicher une couverture bien chaude. Celle si moelleuse quand elle se sentait mal. Celle dont sa mère avait cousue patiemment la housse, avec des bouts de chemises de papa, de ses pantalons troués aux genoux, de vieux rideaux en lambeaux, des robes gigantesques ou jupes titanesques de maman ayant rendu les armes. Un arc-en-ciel d’histoire familiale enveloppant des plumes de volatiles, vaporeuses et légères.

Dans le placard, qui sentait si bon les changements de saison, Sophie dégota le suaire confortable. Seulement, en descendant les marches en catastrophe, ses pieds jugèrent bon de s’enrouler entre eux et avec le morceau de tissu qu’elle remorquait.

« On ne court JAMAIS dans les escaliers. JAMAIS ! » tonnait immanquablement sa mère.

Sophie comprit enfin la sagesse de l’ordre maternel quand elle se vit au ralenti, débouler cul par-dessus tête la totalité de l’escalier pour d’atterrir dans le mur. À ce moment précis, elle sut qu’elle ne pouvait plus rien pour sa maman. Et qu’elle ne connaîtrait plus jamais le réconfort de ses énormes bras douillets, l’apaisement de ses flancs gigantesques, le paradis cotonneux de sa généreuse poitrine parfumée par les bons petits plats, de ses cuisses si énormes faces aux angoisses de sa fille. Sa maman était un formidable rempart armé de toute part contre les dangers de la vie.

Juste avant de sombrer dans le coma, elle eut l’horrible sentiment que son propre père était responsable de la mort de sa mère.

Papa a tué Maman.

La dispute parentale de la veille l’avait marquée. Des plaintes étouffées, des protestations murmurées, des pleurs douloureux. Juchée au sommet de l’escalier et cachée par la pénombre de sa cachette, Sophie avait senti son petit coeur se fissurer. Ses parents allaient donc se séparer ? Elle se traîna dans sa chambre pour se coucher. Et dormir pour oublier.

À ce moment précis de sa souvenance, quand sa tête eut fini de frapper les marches, les ténèbres l’enveloppèrent enfin. Comme la couverture qu’elle destinait à sa mère noyée dans une pièce nourricière. Elle ne put rejoindre sa maman perdue au milieu des casseroles. Ou elle y réussit en perdant conscience.

Sophie n’avait que quatre ans. Bientôt cinq, selon le calendrier affiché juste au-dessus d’un corps échoué, dans la cuisine.

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La première chose qu’elle entendit à son réveil, furent des sanglots mal réprimés. Sophie ouvrit les yeux et devina la tête de son père, posée sur des draps rêches d’un lit qu’elle ne connaissait pas, dans une chambre inconnue pleine d’odeurs étranges, chimiques et désagréables. Mi-consciente, Sophie saisit des bribes de conversation inquiétantes :

» Dans l’état actuel… ne rien dire… trop gros choc… Mal… Sa mère… Douloureux… Pas savoir… ».

Mais Sophie savait. Elle décida donc de replonger dans ce sommeil si facile. Pour arrêter d’avoir si mal.
_______________________________________________

Quand enfin Sophie sortit complètement de son coma, elle avait cinq ans bien passés. Ses capacités acquises depuis l’enfance avaient décidés de se mettre en veille. En attendant de meilleurs jours vraisemblablement.

Dans le centre de rééducation, le personnel responsable de son bien-être fut consolant avec presque autant de douceur que sa maman chérie. La petite fille ne voulut jamais parler de ce fameux jour où sa vie bascula. À tel point qu’elle restait cloîtrée dans un silence inquiétant lors des visites de son père. Bien vite, il comprit (ou il suivit les conseils de l’équipe médicale) qu’il ne devait pas aborder le fameux sujet, celui-là même qui pourtant les unissait. Leurs rencontres se résumaient en un monologue paternel marmonné d’un côté, d’une mine absente et détachée de l’autre.

Sophie ne voulait pas parler à celui qui avait tué sa maman, l’empoisonneur, le meurtrier de sa mère. Mais elle savait bien qu’au bout de toutes ces semaines à l’hôpital, elle devrait un jour ou l’autre rentrer à la maison et affronter toute seule le monstre.

Ce fameux moment arriva trop tôt. Blottie au fond de la voiture familiale, Sophie n’avait qu’une envie : être aspirée dans le creux sidéral de la banquette arrière. Celui qui avalait les miettes de biscuits que sa maman lui cuisinait, celui qui mangeait les petites pièces échappées de ses poches, celui qui volait les jolis cailloux ramassés lors des promenades, celui qui cachait des papiers de bonbons coupables, celui qui conservait des fragments de dessins maladroits et de mots doux. Un coffre-fort de bonheur.

L’arrivée à la demeure ne lui fît rien. Jusqu’à ce qu’elle entrevit la cuisine et l’escalier. Ces endroits lui rappelaient cruellement sa faiblesse. Elle n’avait pas pu sauver sa mère. Sans un mot, la petite fille courut s’enterrer dans sa chambre.

Les jours passèrent, tapissés d’une ambiance de mal à l’aise et de mines renfrognées. Puis les semaines s’enchaînèrent, plâtrées par une forme de routine inquiète, silencieuse. Quand l’atmosphère, rendue obèse par des mois de non-dits entre le père et sa fille, atteignit enfin un terrain neutre d’indifférence mutuelle, son père lui annonça une nouvelle sidérante :

» Demain, je compte sur toi pour me donner un coup de main. Nous allons devoir faire le ménage de la maison en grand. C’est que nous allons bientôt avoir une magnifique visite ! Celle de ta nouvelle maman ! »

Elle en resta interdite. Comment pouvait-il se réjouir d’un évènement si contre-nature ? Il ne lui suffisait pas d’avoir tué sa douce mère ? Devait-il lui imposer en plus une inconnue ?

À cette annonce, Sophie la détesta immédiatement, cette intruse odieuse, avec toutes ses forces accumulées dans un sac de douleurs qu’elle avait enfermé dans un coffre dont la clé avait été jetée au fond de son âme.

Et quand cette créature lui fut présentée, Sophie vissa son regard au plancher. C’est qu’elle avait déjà aperçu la « chose » sortant de la voiture familiale, du haut de sa chambre. La petite fille, à genoux sur son lit, avait jaugé cette femme. Son père avait logiquement opté pour une conjointe beaucoup, beaucoup moins grosse avec des cheveux courts et ternes. Fragile. Morne. Sans saveur. Sans odeur. Sans couleur.

Devant la nouvelle venue, Sophie agrippa ses yeux et son coeur avec sa douleur. Elle réussit à murmurer un timide » Bonsoir, Madame » avant de foncer dans sa chambre pour s’ensevelir sous ses draps. Mourir avec Maman.

Dans l’entrée, un nouveau couple discutait.

» Elle ne comprend pas », dit l’assassin.

» Je sais. Laisse-lui le temps de s’habituer. Je suis patiente. Elle va assimiler. Sophie est si jeune. Elle ne doit pas se souvenir de l’autre. L’autre est morte. Et je suis là. Maintenant. Pour longtemps. ». » répondit la remplaçante.

Sophie s’endormit dans les limbes de son passé.

Sans savoir qu’à ce même instant, celle qu’elle prenait pour une immonde intruse trop maigre était sa maman.

Avec cent kilos en moins.

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Rigor Mortis

Scrogn | 21 octobre 2012

Il était une fois un jeune homme d’une sottise affligeante. À tel point que son prénom, pourtant fort acceptable, passa de René à Reniais.

Sa mère mourut en couches. Comme ça. Bêtement. Beaucoup de gens ont dit que la malheureuse avait pressenti la piètre destinée de son rejeton.

Son père survécut à ce drame. Comme ça. Bêtement. Beaucoup de gens ont dit que le malheureux n’avait aucune idée de ce que son fils allait lui faire subir.

Ainsi « Reniais » grandit en force mais nullement en sagesse dans une charmante petite bourgade. Tout le monde se connaissait dans cette miette de pays. Et tout naturellement, ils érigèrent cet imbécile en un monument : l’idiot du village. Dans un élan d’une formidable inconscience collective, on se chargea de lui trouver un travail.

À l’âge de douze ans, Reniais fut responsable de surveiller des oeufs à éclore. Rien de compliqué. Mais Reniais voulut les couver lui-même, trouvant les poules allant gratter ça et là, parfaitement irresponsables. Des centaines d’hypothétiques poussins et de futures omelettes moururent sous le derrière fracassant et non moins chaud de leur gardien.

Le curé, à son tour, se sacrifia sur l’autel de la charité en payant un enfant de choeur, pour la première fois de l’histoire. Le jeune homme fut si investi de sa nouvelle vocation qu’en encensant l’assemblée avec trop de piété , il brûla gravement les deux premiers rangs de fidèles. Dieu merci, il s’agissait d’une messe quotidienne du matin. On ne déplora que quelques vieilles bigotes expérimentant les feux du purgatoire (ou les flammes de l’enfer) avec un peu d’avance.

Toute marrie, la communauté lui chercha un autre travail. Un agriculteur du coin l’accueillit pour l’aider à labourer son champ. En moins de deux jours, Reniais avait massacré toutes les jeunes pousses prometteuses. C’est qu’elles ressemblaient, à s’y m’éprendre, à des mauvaises herbes. Lesquelles furent miraculeusement et tendrement épargnées par Reniais.

Confiant en son sens aigu de la psychologie et de la gestion du personnel, l’épicier se proposa de former cet être rétif à tout bon sens primaire. Le brave homme entreprit de lui apprendre les ficelles du métier avec cette devise sacrée : » Vendre à tout prix et créer des besoins ». Son protégé semblait avoir si bien assimilé ce principe qu’il se concentra sur la gestion de ses marchandises, dans l’arrière boutique. Bien sûr, Reniais finit par modeler sa propre logique. Encore une fois. Ainsi, il vendit des besoins et créa des prix des plus extravagants. Ce ne fut que lors de l’étude de sa désastreuse comptabilité que le commerçant comprit enfin les airs goguenards de certains clients, pourtant mauvais payeurs, et les mines effarées des autres (ainsi que leur brusque défection). De rage et de honte, au bord de la faillite, il renonça à son calamiteux commis.

Le conseil municipal se réunit en catastrophe et en vrac.

» Trouvons-lui une occupation, au moins ! » tonna le maire.

» Mais, surtout, surtout ! gardons un oeil sur lui. » fit l’épicier, premier conseiller.

» Évitons de le mettre en contact avec quoi que ce soit de végétal. » décréta un des agriculteur, deuxième conseiller.

» Ou même d’animal… » soupira un autre agriculteur, sixième conseiller municipal.

» Envoyons-le loin d’ici ! » gémit son père, effondré depuis longtemps.

» Au moins, pour l’amour de Dieu, gardons-le loin des êtres vivants ! » supplia le curé, venu en invité, les bras encore enrubannés de bandages.

Ces dernières paroles canalisèrent les regards de l’assemblée vers le croque-mort, lequel semblait désespérément chercher de l’oeil une porte de sortie honorable vers le plafond. Devant tant de pression, il capitula. Littéralement. Une des pattes de sa chaise se rompit et le pauvre homme sembla, une main vaguement levée pour se rattraper, se porter volontaire.

Tous applaudirent. Même le prêtre qui, dans l’enthousiasme hystérique, parvint à faire voler des flocons de pansement en oubliant sa douleur.

Ce fut ainsi que Reniais devint l’aide de l’embaumeur. Ce dernier s’empressa de lui enseigner les bases du balayage. Mais comme la mémoire humaine est défaillante au bout de quelques minutes, le croque-mort lui apprit la façon de nettoyer les instruments. Puis il ne put s’empêcher de lui apprendre les rudiments de son métier.

La première cliente de Reniais fut justement une de ses victimes de l’église. Devant le cadavre flétri par les années, ravagé par les intempéries de la vie, brûlé grâce aux bons soins de l’idiot du village, le professionnel esquissa un sourire gourmand:

« Là, nous avons beaucoup de travail. Reniais, viens m’aider ».

Ce fut la première oeuvre du simple d’esprit. Et, entre nous, il s’agissait d’avantage d’un chef-d’oeuvre. Des parents lointains ou non, venus tout spécialement pour l’évènement (et surtout pour le testament), les voisines venues pour commérer commémorer et l’unique amie pour faire bonne figure (terrorisée à l’idée que le notaire ne lui réclame les nombreux articles « empruntés » à la défunte), eurent le même cri admiratif :

» Elle semble rajeunie de vingt ans ! »

Ce qui n’était pas peu dire, puisque la défunte flirtait dangereusement avec le centenaire. Mais elle ne demeura pas moins morte pour autant.

Par la suite, le croque-mort acquit une notoriété sans précédent. Des foules de macchabées se pressèrent au seuil branlant de son commerce, telles l’armée des ombres, poussées par des familles soucieuses de leur image au travers d’un corps sans vie. Ces pompes funèbres devinrent si populaires que ses talents tentaculaires s’étendirent à plusieurs lieues à la ronde. Et les demandes les plus folles atterrirent sur les tables glacées du commerce. Le patron de Reniais, ravi d’avoir un tel prodige entre ses murs, laissa le talent du formidable apprenti prendre les rênes de son royaume plutonique.

Un mari broyé par son engin agricole ? Aucun problème. Il semblera encore plus en santé que lors de son vivant. Une épouse morte en couches ? Elle semblera plus épanouie qu’en vrai. Un grand-père gâteux ? Il semblera être un sage endormi dans sa connaissance.

Reniais faisait des miracles.

Quand le maire du village mourut, le village voulut lui ériger une statue. Et pour que le monument soit à la hauteur du défunt, on demanda à l’embaumeur si talentueux de réaliser un moulage de l’auguste tête au plus vite, le cadavre à peine refroidi. Les artistes de la sculpture pourraient ainsi faire un hommage en tout point exact au visage vénéré du premier magistrat de la ville. Après tout, il était monnaie courante à l’époque de mouler le faciès de meurtriers, pour les besoins de la science.

Alors, un maire, pensez donc !

Reniais se rendit immédiatement au domicile du défunt, à peine le dernier souffle rendu, pour réaliser l’ultime empreinte de cet homme.

L’employeur s’inquiéta en constatant le retard de son petit génie, dix heures heures après. L’idiot du village arriva enfin dans la boutique, essoufflé mais fier de lui :

« Pardon pour le retard. Je lui ai fait un moulage de plâtre. Le problème, c’est que le client s’est débattu longtemps. »

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Le voyage de noces (II)

Scrogn | 16 septembre 2012

Arrivés au manoir sous la lumière d’éclairs agressifs, au son d’un tonnerre furieux et baptisés par des trombes d’eau hystériques, le couple gravit gravement les quelques marches du perron. Devant eux, deux femmes trempées et grelottantes s’écartèrent brusquement pour leurs laisser l’accès à l’huis. Ils frappèrent à la porte, toute en majesté grâce à un magnifique heurtoir de bronze.

» Inutile de foutre en l’air l’ambiance en utilisant la sonnette ! » fit Lyse.

» Sinon, on ne pourra pas participer à cette mise en scène grotesque. Et on ne va pas pouvoir rigoler » répliqua Luc.

Ils ne patientèrent guère avant qu’une domestique à l’air ahuri ne vienne leurs ouvrir.

Le hall était déjà occupé par un petit groupe de personnes plus insignifiantes les unes que les autres. Un homme pourtant témoignait d’une certaine prestance. Grand, filiforme et blasé, il posa un regard distrait sur la petite assemblée bruissante. Son attention s’attarda pensivement sur Lyse et Luc. Puis frappant dans ses mains de manière impérieuse, il fit taire les murmures de son public :

» Mesdames et messieurs, soyez les bienvenus dans ce manoir construit à la moitié du dix-neuvième siècle. Il fut remanié, agrandi et aménagé tout au long des années jusqu’à aujourd’hui pour votre confort, tout en conservant son âme. Ou « ses » âmes, devrai-je dire. »

Des rires gênés et sceptiques frémirent de part et d’autre.

» Monsieur Gluckman le fit construire pour sa femme et ses enfants avec toutes les commodités que pouvait offrir l’époque. Autant vous dire que sa petite tribu fût ravie d’emménager ici, durant l’automne 1861. Malheureusement, la joie s’éteignit quelques mois après, avec la mort accidentelle d’Adèle, quatre ans, chutant lors d’une partie de cache-cache, du haut de ce magnifique escalier du hall principal. Beaucoup de clients ont juré avoir senti une petite main glacée agripper leur cheville sur ces marches. »

D’un geste ample et quasiment royal, le maître de cérémonie amena son public à le suivre dans la salle de bal en prolongement du hall vers le nord, sous une verrière.

» Ici furent donné les plus belles soirées dansantes de la région, durant les années folles. Une nuit, le 17 mars 1923, un incendie éclata au beau milieu d’une réception somptueuse. Dans la panique, certains invités ont brisé des vitres, créant ainsi un appel d’air meurtrier. Au plus près du foyer de l’incendie, cinq personnes moururent sur le coup, atrocement brûlées, dans leurs plus beaux atours. D’autres décédèrent des suites de leurs blessures. Il semblerait qu’à l’époque, les vêtements destinés à un bal costumé, non contents d’être somptueux, avaient la fâcheuse habitude de prendre feu aussi facilement qu’une alumette. Depuis, nous avons de nombreux témoignages rapportant une soudaine odeur de fumée et surtout des hurlements terrorisés à cet endroit précis. »

Il invita l’assemblée à se concentrer vers un coin de la salle. Les ricanements furent rares. Deux femme ou trois durent même réprimer un désagréable frisson. Mais la visite continuait. L’expérience aussi. Lyse et Luc eurent un sourire arrogant.

» Si ces Mesdames et Messieurs veulent bien me suivre dans les cuisines où l’installation du gaz fût visiblement néfaste pour quatre personnes. Ici, le 5 novembre 1936, un commis de cuisine fit exploser cette pièce en allumant sa cigarette à proximité d’une poche de cette avancée technologique. Une petite employée avait mal ou pas fermé le bec d’alimentation. Cette jeune personne, responsable par sa négligence de trois morts, rongée de remords, s’est suicidée, moins d’un mois après. Ce qui pourrait expliquer les plaques éteintes brusquement et le sentiment d’être agrippé par le col puis tiré vers l’arrière. »

Luc et Lyse se passèrent une bulle de mépris du coin des cils. Au fur et à mesure de leurs échanges, la bulle devint une balle, un ballon, une montgolfière puis un véritable zeppelin de dédain. Et sous la pression, ils éclatèrent de rire.

Un ange (ou un esprit) passa. Le maître de cérémonie ne fit que leurs lancer un regard glacial. Les jeunes mariés, à peine honteux, consentirent à regret de se tenir à carreau. Du moins, jusqu’au prochain esclaffement.

» Nous allons maintenant monter au niveau des chambres. Assez intéressant, selon les témoignages de nos clients. Nous avons là ce que nous appelons, entre employés, « l’étage dense ». Les esprits (devrais-je dire les fantômes ?) vont et viennent à leur guise, laquelle qui semble assez envahissante. »

Le haut de l’escalier ouvrait largement ses bras de part et d’autre sur deux corridors. Ses mains étaient largement ornées de chambres chatoyantes, plus luxueuses les unes que les autres. Chacune était sertie d’une salle de bain privée, d’un petit coin bureau et de nombreux placards pouvant recevoir plus de vêtements qu’une princesse en déplacement officiel.

» Dans cette pièce, baptisée » La Jaune » par notre personnel, nous avons vu la silhouette d’un homme qui semble être angoissé par la qualité de ses services. Ainsi, ne vous étonnez pas si vous entendez, que ce soit ici ou dans le couloir, un murmure qui vous demande si tout va bien. »

Le guide désigna une autre chambre.

» Celle-ci était, à l’origine, la nursery des enfants Gluckman. Elle fût peinte en bleu pâle, d’où son nom. On y entend des rires ou des pleurs d’enfants. Il faut dire que la gouvernante des années 1950 avait une personnalité versatile, voire psychotique. Elle cajolait les petits puis, l’instant d’après, les martyrisait avec des épingles à chapeau. Elle fut renvoyée, arrêtée et internée, la bave aux lèvres en maudissant ses anciens employeurs. »

Ce récit ne fit ni chaud ni froid à Lyse et Luc. Le sort des animaux leurs était bien plus cher.

» Nous réservons cette magnifique petite suite pour les nuits de noces, dit le majordome en ignorant superbement les nouveaux mariés. Nous ne pouvons pas vous assurer qu’elle vous portera chance. Un couple s’est tué accidentellement en arrivant au manoir. Il y a aussi une toute fraîchement mariée qui s’y est pendue quand son époux lui a avoué qu’il avait une maîtresse dont il était éperdument amoureux. Des objets volent et vous pourriez entendre des propos vindicatifs. »

Dans un glissement de ballet, le public s’intéressa à l’autre aile du bâtiment.

» Dans cette chambre aux tons lilas, la fille du bâtisseur mourut alors qu’elle donnait naissance à son cinquième enfant. Ne vous étonnez donc pas si vous êtes réveillés par des hurlements de douleur. »

Lyse et Luc furent ainsi convaincus qu’ils n’auraient jamais de descendance.

« Nous avons transformé cet ancien bureau pour mieux recevoir nos hôtes. Sachez toutefois que le fils aîné de Monsieur Gluckman s’y est tiré une balle dans la tête lors du krach de 1929. Les odeurs de poudre et les gémissements de désespoir sont ainsi expliqués. »

Le guide rajusta sa veste avant d’annoncer que la visite était finie. Il invita les clients à regagner leur chambre respective et leurs souhaita une bonne nuit sans tracas.

Lyse et Luc furent très déçus de n’avoir eu aucune expérience paranormale durant leur sommeil. Dans l’auberge découverte lors de leur arrivée, ils en devisèrent amèrement en attendant qu’on daigne enfin prendre leur commande.

» J’espère qu’ils ont changé le personnel et surtout le cuisinier » fit Lyse.

» J’espère qu’ils ont la même cave à vin » souhaita Luc.

Autour d’eux, les conversations allaient de bon train :

» Tu as entendu les rumeurs ? Le manoir est hanté plus que jamais ! La cuisinière en a parlé au voisin du cousin de mon beau-frère. »

Les nouveaux mariés haussèrent les sourcils avec mépris. Ces dégénérés étaient, décidément, indécrottables. Mais Lyse et Luc ne purent s’empêcher de prêter l’oreille.

» Ce coup-ci, nous avons du frais au manoir. Un jeune couple qui venait passer leur lune de miel dans le coin. Tu te souviens de l’énorme orage ? C’était cette nuit-là. Ils se sont tué en voiture, tout juste à l’entrée du manoir. Leur voiture a foncée tout droit dans le muret du parc. Selon le médecin légiste, ils avaient un taux très élevé d’alcoolémie. Ça et les conditions météorologiques, tout était réuni. On raconte même qu’ils sont venus ici, juste avant la tragédie. Tu te rends compte ? »

Interdits, Luc et lyse se dévisagèrent.

» Tu penses qu’ils parlent de nous ? »

» Je pense, je crois, je suis sûre que oui. Nous faisons quoi maintenant ? »

Et ils continuèrent de faire ce qu’ils faisaient de mieux : emmerder tout le monde.

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