Le retour du bâton
Scrogn | 18 mai 2009J’avoue crever de fierté devant mes affreux. Au-delà de leurs aptitudes certaines à nous faire tourner en bourrique, ils sont, bien entendu, les plus beaux, les plus intelligents et les plus rigolos de la terre, chacun à sa manière. Sérieusement.
Le Crapulet a une difficulté supplémentaire, trois fois rien, mais dont nous nous serions passés volontiers. Son handicap (je vous laisse faire vous-même des recherches sur la dysphasie ou audimutité, moi, j’ai déjà donné) a quelque chose de profondément troublant. En effet (et en très gros), c’est comme si nous lui parlions chinois. Malgré une intelligence parfaitement normale (je dirais plutôt « supérieure » puisque c’est de mon Crapulet à moi dont il s’agit), à quatre ans, il ne comprenait rien et ne pouvait s’exprimer en retour, sans parler de tous les petits à -côtés qui accompagnent ce trouble envahissant du langage.  Bref…
Le diagnostic ayant été posé en France, les connards pédopsychiatres et autres bouffons de l’Hexagone qui faisaient mine de le suivre, avaient décidé de nous écarter, nous, pauvres parents ignares et inutiles, de la rééducation de notre fiston, prétextant que notre implication ne ferait qu’enfoncer le Crapulet dans le marasme de son handicap. Vous commencez à me connaître : mon pseudonyme me va à la perfection. Aussi ai-je dit tout plein de gros mots et avec l’aide d’un professionnel génial, nous sommes attelés (le p’tit gars compris) à la tâche.Â
Je ne vous raconterai pas tout le parcours des combattants. Sachez toutefois que, contrairement aux noires prophéties des connards (voir plus haut), le Crapulet a réussi à dompter la bête. Bien sûr, il gardera des symptômes toute sa vie, mais il mène une existence épanouissante avec sa famille et les copains de son école de quartier, depuis notre arrivée au Québec. Ses enseignantes furent d’ailleurs très surprises d’apprendre son histoire, au vu des résultats plus que satisfaisants qu’il obtient et de la joie de vivre qu’il dégage. En un mot, le Crapulet, c’est un de mes héros.
Si je vous narre tout ceci, rompant pour quelques instants avec le ton follement hilarant que j’adopte d’habitude, c’est pour que vous saisissiez tout le sel de ce qui va suivre (oui, ça vient).
Les connards (voir plus haut et encore plus haut) nous avaient prédit que le petit bonhomme ne pourrait jamais lire et écrire, s’il était laissé entre les mains de ses parents incapables, limite abrutis, s’il n’était pas placé dans un centre de détention, rétention, spécialisé en tout sauf en efficacité. Aussi, pour emmerder ces dictateurs en blouse blanche, et parce que le Crapulet s’intéressait visiblement à la bibliothèque de ses parents, j’ai entrepris de lui apprendre la lecture. À l’âge de cinq ans et une semaine pile, le fiston lisait…
Restait l’écriture. Notamment l’orthographe. J’ai dû creuser dans mes souvenirs pour déterrer les petits trucs mnémothechniques qui facilitent bien la vie. Souvent, par exemple, le remplacement d’un terme masculin par son pendant féminin peut sauver de certains pièges. Ainsi, « petit » prend un « t » à la fin, puisqu’on dit « petite ». Même principe pour « grand », etc.Â
Nous voilà enfin arrivés au passage rigolo de ce billet (qui a soupiré « enfin » ?).
Le Crapulet, maso à ses heures, nous réclame des mots qu’il veut épeler. Genre, c’est un jeu. Son papa et moi, nous nous plions bien volontiers à sa marotte, histoire de continuer à lui faire croire que oui, oui, l’orthographe, ça peut être amusant, pouf,pouf.
Scrogn : Fleur.
Le Crapulet : F-L-E-U-R. Trop facile !
Guinness : Bon, dans ce cas, nous allons corser l’expérience : gris.
Le Crapulet : G-R-I-S !
Toute la famille en choeur : Bravo !
Scrogn : Chiot.
Le Crapulet : C-H-I-O-T ! Je sais que ça prend un « t » à la fin parce qu’au féminin, ça fait « chiotte » !
Nous ne nous appesentirons pas sur les remarques bêtement ironiques du Guinness au sujet de mes méthodes pédagogiques…
En effet bêtemetn ironiques les remarques, je n’en doute pas 😉 Le prinipal c’est que ça marche non ?
Et chapeaupour aovir tenu tête aux
connardsvoir plus haut… qui souvent sortis de leurs théories ne sont pas au top. C’est connu de tous les parents sont des incompétents pour ce qui concerne « l’elevage » de leur enfant.Oups, mal fermé la balise strike, bien entendu à partir de « voir plus haut » c’est plus barré 🙁
Pouhahahaha, chère Cécile ! Votre commentaire me fait chaud au coeur ! 🙂
Maintenant, s’agissant de corriger le passage barré par erreur et siiiiiiiiiiii bien vu, ben, heu… j’suis nulle et je l’avoue… 🙁
Ah, mon Guinness fait de ces miracles, avouez-le ! ^^
Merci m’sieur Guiness, c’est un peu plus lisible comme ça 😉
Fidèle lecteur votre billet est vraiment bien écris .
Qui a dit que nos enfants nous aident à devenir parents ..?
Vous avez tellement raison à propos de la » dictature » des médecins ; ILS nous angoissent , ILS nous empèchent de résoudre avec notre bon sens ( et de l’amour) des problèmes qui peuvent sans doute être traité moins » lourdement » .
Merci encore.
Bisous aux » terribles » !
Cécile, on dit « Maitre Guinness », merci d’avance :op
Jean Denis, vous me flattez outrageusement !
Et comptez sur moi pour transmettre votre message à ma progéniture ! 🙂
Encore un billet de Miss Scrogn parfaitement juste et délicieusement tendre.
Fini le consumérisme silencieux, j’ adore, j’ approuve et donc j’exprime mon bonheur à lire ces moments de vie.
Une contribution ? Vous y tenez ? Non, je crois pas ! Si ? vraiment ?
Bon d’ accord.. alors, je propose de faire épeler les mots BISOU (ça donne généralement droit assez rapidement à un truc baveux sur la joue), MAMAN (parce que l’enfant reste jeune pour une initiation correcte à la Guinness du paternel).. et enfin NASHKAR (parce que çe ne veut rien dire mais ça me fera plaisir quand je viendrais vous voir)… 🙂 🙂
Bizarre les sentiers de la vie.
Ma douce, dans une vie antérieure, était spécialiste de l’audimutité.
le passé simple